

Pourquoi participer les 28-29 mars, 2017, à HIMSS Liège ? Hervé BARGE, directeur-général de l’Agence e-santé de Luxembourg répond à une interview exclusive pour HIMSS Europe, réalisée par Denise Silber.
Hervé Barge est le Directeur-Général de l’Agence e-santé de Luxembourg. Comme l’ASIP en France, l’agence e-santé de Luxembourg est une agence nationale, qui a comme mission d’assurer « une meilleure prise en charge coordonnée du patient », grâce à la mise en place d’une plateforme de partage de données et d’un schéma directeur des systèmes d’information.
Hervé Barge interviendra à HIMSS Liège, organisé en partenariat avec HIMSS Europe, le CHU de Liège et l’Université de Liège, les 28 et 29 mars, 2017 en Belgique. C’est l’événement « Health IT » de la région Benelux et du Nord de la Francek, incluant des sessions en Français, en Anglais et en Néerlandais, ainsi que la visite du CHU de Liège. Vous voyez la gare de Liège à gauche ! Mais, tout d’abord connaissez-vous HIMSS ?
HIMSS, l’organisme américain « health IT » à but non lucratif, est surtout connu pour son grand congrès annuel (42 000 participants !) de l’informatique médicale qui s’est déroulé à Orlando en Floride du 19 au 23 février. J’ai eu la chance d’y intervenir la semaine dernière, mais HIMSS est également européen. Et son prochain événement se déroule en Belgique. Voyons donc ce qu’en dit Hervé Barge.
Denise Silber : Quel est l’intérêt de HIMSS Liège ?
HB : L’intérêt de HIMSS Liège réside dans le partage d’expérience entre les participants. Tous les responsables des systèmes d’information peuvent avoir l’impression d’être bons, mais pour s’améliorer, il faut pouvoir se comparer sur une grille identique. La démarche d’audit HIMSS est exactement cela, et le congrès de Liège est l’occasion de parler de cette démarche entre pairs.
A notre Agence e-santé, nous nous intéressons à la notation HIMSS de la maturité des systèmes d’information hospitaliers. HIMSS Liège qui porte sur ce thème, nous aide à améliorer nos compétences, grâce à la connaissance de la cartographie des établissements qui suivent les référentiels.
Pendant longtemps, tout le monde faisait de l’auto-déclaration, car il n’y avait pas d’indicateurs. Maintenant nous pouvons faire du vrai benchmarking. Nous savons quels établissements sont niveau 6 (ou 7 en dehors de l’Europe) et nous pouvons nous inspirer de leur expérience.
DS : En 2016, l’Europe a adopté le GDPR, la régulation de la gestion et protection des données. Le GDPR va dans le sens de ces audits. Pouvez-vous nous en parler ?
HB : Rappelons que chaque citoyen a le droit de transférer ses données de santé entre les 28 Etats de l’Union européenne. Pour que cela soit possible, les données doivent être gérées à l’identique, quel que soit le pays. En adoptant le GDPR ou « General Data Protection Regulation », l’Europe renforce la régulation identique des données de la région. Le GDPR participe ainsi à la mise en œuvre de la portabilité des données, grâce à l’interopérabilité à laquelle il nous contraint.
D’autre part, la recherche de la portabilité rend encore plus indispensable la mise à niveau de tous les systèmes d’information en santé ; pour se mettre à niveau, chaque système d’information doit être évalué à l’échelle de l’Europe et non pas seulement du pays.
DS : Et cette question de benchmarking européen nous ramène à l’intérêt des actions de HIMSS…
HB : A l’heure actuelle, HIMSS, organisme à but non lucratif, est la seule structure à fournir, grâce à son département HIMSS Analytics, un outil de benchmarking international. C’est formidable de pouvoir se comparer à ce qui se fait de mieux en Europe, aux Etats-Unis ou en Australie, peu importe. Développer un outil de benchmarking c’est très lourd, et même si nous développions un outil spécifique isolé à l’Europe, nous passerions à côté des innovations des autres régions.
DS : Qui va participer à HIMSS Liège ?
HB : Il y aura des représentants de toutes les fonctions des établissements de santé : les professionnels de santé, les directions financières et directions générales. Participeront également les professionnels de santé libéraux, les responsables des organismes d’état, et les prestataires de solutions.
DS : Que pensez-vous du progrès qui a été effectué par les établissements hospitaliers, concernant la qualité des systèmes d’information ?
HB : Du progrès, il y en a eu indéniablement. Plusieurs établissements au Luxembourg ont été évalués aux Luxembourg et en France. Et les mentalités ont bien évolué. Les établissements souhaitent améliorer leurs systèmes d’information. Mais, tant que le nombre de morts évitables chaque année se chiffrent dans les milliers, il reste énormément de progrès à faire. Si le système d’information est optimisé, les résultats seront meilleurs. Il faut tout faire pour arriver au niveau 7, c’est à dire à l’hôpital sans papier.
Je vais citer une anecdote personnelle. Je me suis fracturé la clavicule gauche récemment et un médecin m’a prescrit une radio. L’ordonnance était manuscrite. Quand je suis arrivé à l’hôpital, je l’ai donnée à la bonne personne et l’hôpital s’apprêtait à me faire une radio… de la cheville gauche !
DS : En effet, les ordonnances papier manuscrites demandent une attention particulière.
HB : Nous pouvons gagner largement en efficacité, même si le risque zéro n’existe pas. Mais, pour cela, il faut avoir fait un audit pour savoir ce qu’il faut améliorer. Il n’y a pas d’autres moyens !
Grand merci, Hervé !
Denise Silber